Bonjour les amis !
De l’humidité et peu de pluie, un léger espoir, le bout du tuyau de la source est humide et laisse glisser un fil d’eau à peine visible.
Mais le soleil est revenu et le tuyau a séché…
Châtaignes toujours et un grand courrier à ma grande petite-fille si bien que je n’ai pas eu le temps d’avancer dans mes découpages.
Mais j’ai pour vous la troisième partie de Titom, si vous avez le courage de lire tout ça…
TITOM 3/3
Titom est resté ratatiné dans son coin, son sac entre les jambes et il a vu partir un à un chaque participant. Il écoutait le brouhaha des voix des acteurs étouffées par la distance et les murs, puis les applaudissements plus ou moins intenses suivant le succès du show.
La salle se vide, c’est son tour… Il prend son sac et suis la personne qui vient accueillir chaque acteur amateur. Il passe derrière la jeune femme par des couloirs pour déboucher dans la lumière aveuglante de la scène. Il marque un temps d’arrêt, choc de cet espace, mais se reprend immédiatement et avance courageusement dans le halo projeté sur lui…
Il pose son sac, s’assoit par terre, dénoue la ficelle qui maintenait les feuilles sagement prisonnières, et en sort une.
A ce moment on entend des murmures parmi les spectateurs, et quelques rires ici et là se font entendre, moqueurs…
Titom se relève, vient au bord de la scène, regarde droit devant lui à droite, à gauche, en face et met un doigt sur ses lèvres pour intimer silence. La foule surprise se tait et lui prête attention.
Titom retourne s’asseoir par terre, reprend sa feuille et la regarde, la retourne, agite ses jambes comme un bébé, essaie de la manger …Quelques rires mais gentils ceux-ci…
Puis le garçon prend une brassée de feuilles qu’il jette sous ses pieds…
Le responsable de l’espace se redresse dans les coulisses :
-« Qu’est-ce qu’il fait cet idiot ! Il ne va pas mettre du feuillage partout ! Ce n’est pas lui qui va faire le ménage !
-Ne bougez pas lui dit le directeur en posant sa main sur le bras de l’homme de charge, laissez-faire, je suis curieux de voir où va ce gars… »
Et Titom continue en mimant tour à tour l’enfant qui joue dans les feuilles en les faisant sauter, puis qui marche, son sac, ici de feuilles mais figurant son sac d’école sur le dos et trainant les pieds dans les feuillages, puis l’amoureux offrant l’une de ses merveilles à une jeune fille, puis il s’approche des spectateurs et tend au premier rang une ramure chargée de soleil et de pourpre, mais il ne peut atteindre les personnes et il la laisse tomber maladroitement. Pourtant une femme se lève et va la ramasser ! Titom la remercie de son plus beau sourire. Il fait un bouquet de feuilles, les tenant réunies par la tige dans son poings, descend de la scène et commence à en distribuer quelques-unes aux mains qui se tendent…
-« Ah non ! crie sourdement le garçon de nettoyage
« -Non, non , laissez faire, ça marche, c’est bon… répond le directeur penché en avant pour tout voir… »
Chacun retrouve dans le spectacle de ce jeune homme les souvenirs de sa propre vie, chaque geste apporte avec lui des pages de leur passé et de leur futur…Le silence qui accompagne le spectacle impressionne.
Soudain la scène s’éteint, il est 23h 30.
Titom reçoit un coup au ventre, il aurait tellement voulu aller jusqu’au bout de son histoire…
C’est alors que le directeur, sous le charme de ce numéro qui sent l’improvisation, crie LUMIERES !!! Et la salle reprend avec lui « Lumières ! lumières ! » Et la lumière fut…
Titom remonte sur scène avec des allures de singe mais nul ne se moque. Il reprend son numéro mimant l’homme âgé et sa canne invisible remuant la feuillée étalée et il n’a aucun mal à laisser deviner la douleur qu’il ressent de plus en plus contraignante dans sa poitrine. Il en a trop fait le pauvre, il est épuisé… Mais il doit aller jusqu’au bout, il a presque fini. Il s’étend sur le plancher, ramène les feuilles sur lui dans une sorte de crawl sur le dos et croise les mains sur sa poitrine, c’est toute une vie d’homme qu’il a racontée à travers ces feuilles qui suivent le parcours de chacun de nous.
Un silence suit, ne sachant si le numéro est fini et, comme notre héro ne bouge pas, éclatent les applaudissements. Certains se lèvent et entrainent les autres à en faire autant, c’est le succès. Le directeur se frotte les mains, il a son gagnant, c’est sûr !
Mais Titom reste allongé… Il dort avec un sourire heureux.
Un policier de garde dans les coulisses vient pour lui dire que c’est terminé, qu’il peut se relever, mais après avoir vu Titom, il tourne son visage blême vers les coulisses sans un mot. Le directeur réagit immédiatement :
-« Un docteur vite ! Baissez les lumières…Faites évacuer la salle… »
Mais les spectateurs ne veulent pas s’en aller ! Ils sont debout et inquiets se demandant ce qu’il se passe ? Seules les tantes affolées se mettent à courir vers les coulisses.
Titom est emmené dans les entrailles du théâtre et le directeur vient au bord de la scène :
« Messieurs, Mesdames, je suis désolé de vous apprendre que Monsieur Titom vient de décéder d’une crise cardiaque. Il serait indécent de faire le tirage ce soir, rendez-vous la semaine prochaine, même jour à 20H30 pour les résultats. Je vous prie de bien vouloir respecter cet homme en sortant calmement et silencieusement ».
Les spectateurs, sans se concerter, se préparent à rejoindre la sortie, mais tout en faisant le tour pour passer au long de la scène où chacun ramasse une feuille sur le plancher, une feuille de feu et d’or qui finira dans le dictionnaire entre FETet FIC (Petit Larousse 1961) et rappellera à tous qu’un corps tordu peut cacher un homme droit !
PS : Le jour du jury Titom recevra à titre posthume un prix d’honneur donné aux tantes qui le feront encadrer et accrocher bien en vue dans le salon. Ensuite parmi les autres candidats, les trois meilleurs eurent leurs prix selon leur succès reconnu par le jury comme prévu. Les tantes n’étaient pas de ceux-là.
Hélène Porcher -31 octobre 2018
J’ai relu et recorrigé ce que j’avais déjà posé trop vite. Désolée, il y avait encore des fautes. Je pourrais reprendre ces pages et les réinstaller mais c’est beaucoup de travail et de temps pour le faire avec le risque que je m’embrouille, alors je me dégonfle. Pardon… La prochaine fois j’attendrai plus longtemps pour laisser mûrir au lieu de faire n’importe quoi à la va vite. Ah le temps !!!
Mais pour aujourd’hui ce sera tout, avec tous mes vœux pour que chacun de vous ait une bonne journée de samedi et j’y ajoute toute ma tendresse et mon humilité.
LN